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Quelques histoires... Réelles ou pas...

27 octobre 2004

Un Hornet sur le Nimitz

Il est 08h00 du matin. Le pays du soleil levant s'illumine devant nous dans un petit astre d'hiver.

Je finis ma nuit devant mon café, déjà trop froid à mon goût, pendant que mon ailier baille devant un journal vieux de trois jours. La moitié de l'escadrille est déjà en vol, et nous, nous attendons passivement notre ordre de mission.
Il est vrai que le front progresse en ce moment. Les NordCo viennent de recevoir l'appui des Chinois, ce qui ne va pas améliorer notre situation.
Nous attendons tous notre relève d'ici trois semaines, une éternité pour chacun d'entre nous.
Heureusement, notre porte avion vient d'avoir une arrivée de Hornets tout droit sortis de l'usine, juste histoire de regonfler le moral à tous ces pilotes, heureux comme des gamins de pouvoir utiliser un nouveau "jouet"...

Vingt minutes plus tard, le commandant nous appelle en salle de briefing. Un "jeune-vieux" de 45 ans, crane rasé, une moustache, soutenue par un bout de cigare, fumé depuis au moins trois semaines, et la photo de sa femme dépassant de la poche gauche de son pantalon. "Grouillez vous les gars, ils vont pas décoller tout seuls vos zincs !!! Allez, briefing, et au trot !!!..."
Excellent monologue pour motiver les troupes...

Quelques minutes plus tard, nous sommes tous au courant de notre mission. Deux escadrilles vont se regrouper au nord de Pohang, afin de frapper la base de Kuum-Ni, où, selon Intel, les officiels NordCo seraient en route pour superviser les attaques. Un ravitaillement en vol sera nécessaire au dessus de Choongwon, juste histoire de ne pas arriver Bingo sur la cible... Personne n'a commandé d'aller simple aujourd'hui.

La seconde escadrille, et le cafard de la mission sera certainement ici, vient directement de Seoul. Ce sont des Raven de la 72th. Et, ces gars là, ne sont pas connus pour leur courage, mais plutot pour une témérité qui tend vers de la folie furieuse.
"On est mal barré avec eux..." Me chuchote Garat, mon ailier, pendant que le commandant -qui n'a rien raté de la scène- finit le briefing du groupe de Prowler, qui devra nous brouiller la zone radar de Kuum-Ni pendant l'attaque.
"Vous avez un problème avec cette mission... Capitaine ?" rétorque Le commandant sans cacher un certain cynisme dans sa voix...
"Heuuu... Non mon commandant ! Je disais juste au major qu'il me tardait de piloter ces Hornets... commandant !"
Ce dernier, un sourire en coin, nous somme de sortir, en nous souhaitant bonne chasse, et bonne chance.

09h00. Nous arrivons sur le pont d'envol, et nous respirons nos dernières bouffées d'air saturée avec cette bonne odeur de kérozène brulé, avant de s'enfermer dans nos cockpits préssurisés.
La frénésie et l'impréssion d'anarchie qui règne sur les ponts des porte-avions reste néanmoins stupéfiante, même après les 6 mois passés à bord. Cependant, si on regarde bien, on s'apercoit que chaque "rampant" -comme nous les surnommont- à une fonction bien précise : Les verts gèrent le carburant, les rouges, l'armement, les violets entretiennent les appareils, les "chiens jaunes" eux, gèrent les catapultages et les atterissages.
"C'est à vous Major, et ramenez le comme il est là !!" me hurle le chef des vols avec un sourire, en me montrant du doigt un Hornet flambant neuf, sortant du hangar par l'ascenseur central.

Après un soupir, et une prière qui nous permet de faire le vide, je contrôle les abords de l'avion, mécaniquement, en récitant par coeur la check-list des hornets. Et comme toutes les autres fois, rien à redire, les mécanos du bord font un excellent boulot...
Un petit coup d'oeil a Garat, qui lui aussi a fini sa check, et, ensuite, je commence à escalader cet ange de métal, qui brille de tous ses feux sous le soleil montant de la mer de Corée...

Les mécanos finissent de m'arnacher sur mon siège éjectable, pendant que je commence les procédures d'allumage électrique de l'avion. Soudain, une cacophonie assourdissante emplit mon casque. Le volume de la radio était au maximum... "Raaaah... je viens de perdre mes lunettes, et 10 décibels à chaque oreille avec vos gags à deux balles, j'peux plus voler maintenant !!!" hurlai-je au jeune mécano sur ma gauche. "Fait moi un procès !!!" me rétorque t'il à moitié écroulé de rire...
Les derniers préparatifs sont terminés, et je commence à fermer la verrière, qui du coup, et malgré nos casques, m'élimine la moitié du bruit venant du pont d'envol. L'air conditionné commence à remplir mes poumons...

09h15. Les deux réacteurs chauffent, et nous sommes, Garat et moi, les suivants sur la liste du catapultage. La tour me donne les dernières consignes de mission, pendant que je fait avancer doucement mon avion vers le crochet de catapulte, fumant encore des vapeurs de son dernier largage.
Une vibration se rajoute à l'ensemble. C'est le déflecteur arrière qui se lève, afin de fournir le maximum de puissance à mes réacteurs lors du lancement. Garat, lui, est accroché à la catapulte numéro 2, juste dans mes 8 heures.
Le contrôle sol m'indique que tout est dans le vert, je confirme par un signe de ma main, je salue, et je me cale dans mon siège...

Il est 09h20, la mission commence...

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